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Un parfum de nos maux

La femme tondue

21 Janvier 2008 , Rédigé par zazou Publié dans #poèmes

Hebergement gratuit d image et photo
 

Les rues étaient joyeuses à la libération
Les parisiens trinquaient sur les nappes à carreaux
Pour fêter dignement la fin de l’oppression.
A nouveau sur les toits rayonnaient les drapeaux.
 

 

Mais les cris d’allégresse se couvrirent de haine
Lorsque vint la curée aux abords de la Seine.
De nombreux anathèmes fusèrent en taloches
Contre ceux soupçonnés d’avoir servi les boches.
 

 

Une femme eut le tort d’avoir offert son cœur
A un homme ennemi, un soldat vert de gris
La vindicte cruelle lui hurla son mépris
Au milieu d’une foule rongée par la rancœur.
 

 

Traînée par les cheveux elle fut emmenée
Au centre de la place sous une pluie d’insultes
Pour la faire payer cette vilaine pute
Pour la faire pleurer cette sale traînée.
 

 

De force elle s’assit sur un vieux tabouret.
Elle baissa les yeux ne voulant regarder
Les nombreux yeux avides de voir l’humiliation
Qu’elle allait endurer avec résignation.
 

 

Par des cliquetis sombres étant apostrophée
Une tondeuse agit, rasant sa chevelure
Le peuple s’en saisit en guise de trophée
Et cracha au visage de cette fille impure.
 

 

Elle quitta l’estrade sous tous les quolibets.
Etaient-ils préférables au vulgaire gibet ?
Car l’âme tourmentée d’un douloureux marasme

Fut toujours poursuivie d’injures et de sarcasmes.

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Y
Je viens par le hasard de découvrir votre blog.Au premier vers je fus charmé, la suite m'a conquis.Beau rythme et rimes agiles.Merci même si le sujet  fut grave, vous l'avez traiter en profondeur.MerciYeux_chat
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M
Ma belle, ce texte est troublant, sombre de ce qu'était la vie autrefois. tu as su employé les bons mots.. j'adore! je t'envoie de gros bisous
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L
Georges Brassens La tondue  Paroles et Musique: Georges Brassens   1964© Editions musicales 57 La belle qui couchait avec le roi de PrusseAvec le roi de PrusseA qui l'on a tondu le crâne rasibusLe crâne rasibusSon penchant prononcé pour les " ich liebe dich ",Pour les " ich liebe dich "Lui valut de porter quelques cheveux postich'sQuelques cheveux postich'sLes braves sans-culott's et les bonnets phrygiensEt les bonnets phrygiensOnt livre sa crinière à un tondeur de chiensA un tondeur de chiensJ'aurais dû prendre un peu parti pour sa toisonParti pour sa toisonJ'aurais dû dire un mot pour sauver son chignonPour sauver son chignonMais je n'ai pas bougé du fond de ma torpeurDu fond de ma torpeurLes coupeurs de cheveux en quatre m'ont fait peurEn quatre m'ont fait peurQuand, pire qu'une brosse, elle eut été tondueElle eut été tondueJ'ai dit : " C'est malheureux, ces accroch'-cœur perdusCes accroch'-cœur perdus "Et, ramassant l'un d'eux qui traînait dans l'ornièreQui traînait dans l'ornièreJe l'ai, comme une fleur, mis à ma boutonnièreMis à ma boutonnièreEn me voyant partir arborant mon toupetArborant mon toupetTous ces coupeurs de natt's m'ont pris pour un suspectM'ont pris pour un suspectComme de la patrie je ne mérite guèreJe ne mérite guèreJ'ai pas la Croix d'honneur, j'ai pas la croix de guerreJ'ai pas la croix de guerreEt je n'en souffre pas avec trop de rigueurAvec trop de rigueurJ'ai ma rosette à moi: c'est un accroche-cœurC'est un accroche-cœur
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Z
c'est toujours pour moi un moment de grande honte lorsque je vois ces images... la foule haineuse, la revanche des lâches... ciao à toi  
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R
Un p'tit coucou juste pour toi.Bon mercredi et bisous de ta p'tite cousine du Québec.
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