être caissière aujourd'hui
Source: http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/307497.FR.php
«Ça va aujourd'hui mon amour?» Le client, éméché malgré l'heure matinale, pose deux bières sur le tapis roulant de la caisse de Sonia , employée au Leader Price de la place de la République à Paris. Sonia répond d'un sourire contrit, même si non, ça ne va pas. «Il faut toujours sourire, ça fait partie du métier. Même quand on nous insulte, même quand on est fatigué, on doit sourire.»
«Ça va aujourd'hui mon amour?» Le client, éméché malgré l'heure matinale, pose deux bières sur le tapis roulant de la caisse de Sonia , employée au Leader Price de la place de la République à Paris. Sonia répond d'un sourire contrit, même si non, ça ne va pas. «Il faut toujours sourire, ça fait partie du métier. Même quand on nous insulte, même quand on est fatigué, on doit sourire.»
Pas au courant de la grève non plus, les employé(e)s du Lidl Strasbourg-Saint-Denis. «Si on avait su, tous les Lidl de France seraient en grève!», s'exclame Linda, une jeune caissière de 23 ans. Pas tant pour les salaires -–«800 euros pour 26 heures, c'est plutôt mieux qu'ailleurs»–, que pour avoir des horaires fixes. «Ils jouent avec notre temps, le planning change tout le temps. C'est fatiguant, c'est difficile pour la vie de famille, et ça empêche d'avoir un deuxième travail à côté».
«Augmentez les salaires»
Les 35 heures, les caissières du Carrefour du centre commercial Bercy 2 n'y pensent même plus. Ici, c'est 30 heures maximum, pour 830 euros net. Vendredi, ils étaient une trentaine, sur plus de 500 employés, à distribuer des tracts devant le magasin en scandant «Augmentez les salaires !», sous l'œil des agents de sécurité.
«La semaine dernière, on était bien plus a vouloir faire grève, explique un salarié du rayon textile. Mais la direction a dit qu'elle prendrait les noms. Résultat, on est trente. On sait qu'on ne nous fera pas de cadeau, mais on prend le risque. On connaît nos droits.»
Dimanche travaillés
Ce qui a mis le feu au poudre, c'est l'annonce par la direction que les employés devront travailler non plus cinq, mais 17 dimanches dans l'année. Sachant qu'après cinq dimanches ils seront payés comme un jour normal.
Salaires de misère, temps partiel subi, horaires à géométrie (très) variable, travail le dimanche et les jours fériés, heures supplémentaires non payées... Travailleurs précaires s'il en est, les salariés de la grande distribution cumulent les difficultés.
A commencer par l'absence totale de reconnaissance. «Le plus dur, c'est la pression de la direction, dénonce Leïla. La surveillance du matin au soir, les caméras. Les réflexions assassines. La suspicion à la moindre erreur de caisse. Si on est malade, on reçoit un recommandé pour nous dire qu'on perturbe toute la ligne de caisses, et on nous dit qu'on oblige nos collègues à se passer du peu de pauses qu'elles ont.» Pauses d'une demi-heure, déduites du salaire, pour sept heures de travail.
«On est des machines»
«On nous considère comme des machines, pour ne pas dire comme des chiens», résume d'un ton posé Sylvie, une ancienne. Après 18 ans de caisse, ce qui lui vaut le «privilège» d'être aux 35 heures, elle ne touche toujours que 1100 euros par mois. «Quand je vois passer des caddie à 1500 euros, et que je me dis que moi, mon frigo est vide, c'est dur.»
Quant aux heures supplémentaires, elles passent en «modulation»: si une caissière a quelques heures de trop sur son «compteur», on lui impose simplement de fermer sa caisse un peu plus tôt que prévu le jour suivant. En la prévenant «une heure avant».
«De toute façon, les chefs ne nous calculent même pas, reprend Leïla. Tenez, à Noël, qui est pour nous la période la plus dure le l'année, les chefs de rayon ont eu des I-pod, des fleurs, du champagne. Nous rien, par une boîte de chocolat ni même un merci.»
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