Astérios
Voici la même histoire que le précédent poème, mais cette fois-ci vue du Minaotaure lui-même, de son vrai nom Astérios.
J'étais une chimère, erreur de la nature
Horrible repoussoir enfermé dans des murs
J'avais pas demandé à vivre une existence
De solitude amère, d'abjecte déshérence.
Le jour de ma naissance, mon premier souvenir
Le regard de ma mère empli de répulsion
Déjà à ce moment j'aurais voulu mourir
Ne pas être l'objet d'une telle aversion.
Je n'avais pas de larmes pour dire ma douleur
Je n'avais pas de mots pour exprimer mes peurs
J'étais un monstre affreux pour les yeux effrayé
Mais dans mon coeur maman, j'aurais voulu t'aimer.
On m'a caché au monde dans ce vaste palais
Réseau inextricable de méandres sinueuses
Labyrinthe à l'image de mon âme tortueuse
Me harcelant toujours en flèches tourmentées.
Tous les ans on m'offrait en funestes présents
Quelques jeunes éphèbes, quelques filles vestales.
Ma colère attisée par leurs beautés fatales
Je les défigurais, exutoires sanglants.
J'aimais à me repaître de la vie de ces êtres
Substituts expiatoires à ceux qui m'ont vu naître
Mais ils n'apaisaient pas ma folie meurtrière
De mon esprit furieux aux brumes délétères.
Jusqu'à ce jour béni où le destin mauvais
Sous les traits d'un humain abrégea mes souffrances.
Le combat fut épique, la bataille acharnée.
Un coup d'épée au coeur sonna ma délivrance.